Depuis plusieurs mois, la plateforme Booboox Exchange s’infiltre discrètement dans les conversations sur Telegram, Reddit ou X (ex-Twitter). Présentée comme une “nouvelle génération d’exchange décentralisé” avec des promesses de rendements réguliers allant jusqu’à 18 % par mois, elle attire surtout des investisseurs novices, sensibles à l’argument d’un modèle “communautaire”, où chacun serait à la fois client et promoteur. Mais derrière cette façade pseudo-égalitaire, les alertes se multiplient.

Une promesse floue et un modèle rémunérateur basé sur le recrutement

Booboox Exchange n’est pas répertoriée parmi les plateformes reconnues par CoinMarketCapCoingecko ou les bases officielles comme l’OAMF, la SEC ou l’AMF française. Aucun audit indépendant, aucune licence identifiée, ni d’équipe clairement identifiée. Le modèle repose pourtant sur une architecture complexe de rangs, niveaux de parrainage et bonus — avec des gains exponentiels à chaque nouvel affilié intégré sous soi. Le système de rémunération ressemble fortement à une structure de type Ponzi, où les revenus passifs dépendent principalement des dépôts entrants.

Une vitrine technologique douteuse

La plateforme prétend utiliser une blockchain privée et un algorithme d’exécution “Booboox Instant Match”, sans en fournir la moindre documentation technique. Les portefeuilles ne sont pas interopérables, les retraits subissent régulièrement des retards de plusieurs jours, et aucune vérification KYC n’est proposée, ce qui contrevient aux normes AML internationales. L’accès au “White Paper” est conditionné à un dépôt minimum, ce qui va à l’encontre des usages dans l’univers crypto. En somme, transparence nulle, centralisation totale.

Le discours communautaire comme camouflage

Les promoteurs insistent sur l’aspect communautaire et “solidaire” du système. Des réunions Zoom à heures fixes, des groupes fermés, des vidéos d’influenceurs rémunérés — souvent des profils anonymes, parfois issus de précédentes arnaques comme Forsage ou Metafi Yielders — participent à l’orchestration. L’argument récurrent : “si vous ne comprenez pas, c’est que vous n’êtes pas prêt à être libre financièrement”. Tout écart critique est sanctionné ou supprimé dans les canaux officiels.

Des indices d’effet pyramidal de plus en plus nets

Certains utilisateurs de Booboox Exchange affirment avoir doublé leur mise en quelques semaines. Mais ces témoignages sont invérifiables. D’autres, bien plus nombreux sur les plateformes comme Trustpilot ou Bitcointalk, se plaignent de blocage de fonds, compte suspendu après demande de retrait, frais cachés.

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Le système de réinvestissement obligatoire des “profits générés” renforce le mécanisme pyramidal, où seul le sommet gagne vraiment. Des alertes ont déjà été lancées en Afrique du Sud, aux Philippines et en Turquie, pays ciblés en priorité par les recruteurs Booboox.

Aucune adresse physique ni entité juridique claire

L’enregistrement de domaine (boobooxexchange.io) est masqué via un proxy islandais. Aucun lien vers une société mère, aucun registre légal, ni même un support technique humain. Toutes les interactions passent par des bots automatisés ou des comptes communautaires. Ce schéma rappelle fortement Mirror Trading International ou HyperVerse, deux pyramides cryptos aujourd’hui démantelées.

Hypothèse : une extraction massive de liquidités avant effondrement

Certains analystes estiment que Booboox Exchange est en phase terminale de son cycle pyramidal. Les nouveaux entrants ralentissent, les promesses de bonus explosent, et les “leaders” historiques liquident discrètement leurs avoirs en USDT vers Binance ou OKX. L’absence de service client et la récurrence des “erreurs techniques temporaires” laissent présager une fuite organisée avant fermeture.

Pour conclure provisoirement

Booboox Exchange coche toutes les cases d’un système illégal d’investissement à effet pyramidal. À ce jour, aucune régulationaucun auditaucune preuve de réserves. Son marketing communautaire masque une centralisation opaque et un réseau fermé, fondé sur le recrutement plus que sur l’innovation financière. La vigilance est plus que jamais de mise. Toute implication, même minime, pourrait exposer l’investisseur à des pertes intégrales ou des poursuites pour complicité de fraude.


Recommandation finale

Ne jamais confier de fonds à une entité non régulée, sans adresse légale ni équipe connue. Et surtout : ne pas parrainer, même si “ça marche au début”. Les pyramides ne s’effondrent pas quand elles sont vides. Elles s’écroulent quand elles débordent.