Depuis son lancement, EigenLayer intrigue et fascine la communauté crypto. L’idée paraît presque évidente : permettre à ceux qui ont déjà staké leurs ETH de réutiliser cette mise pour sécuriser d’autres protocoles. Ce principe, appelé restaking, bouleverse les fondements de la sécurité sur Ethereum.

Voir aussi: Pourquoi choisir le staking de cryptomonnaies

Jusqu’ici, chaque projet devait construire sa propre infrastructure de validation. Avec EigenLayer, la sécurité devient mutualisée. Un validateur peut désormais protéger plusieurs protocoles à la fois et être rémunéré pour chaque service rendu. Ethereum se mue ainsi en marché mondial de la confiance décentralisée.

Comment fonctionne le restaking

Techniquement, le restaking s’appuie sur un système modulaire. Les validateurs déposent leurs ETH stakés — ou leurs jetons dérivés comme stETH (Lido), rETH (Rocket Pool) ou cbETH (Coinbase) — dans le smart contract EigenLayer. Ces fonds sont ensuite alloués à des AVS (Actively Validated Services) : oracles, ponts inter-chaînes, protocoles de stockage ou solutions de calcul distribué.

Chaque AVS loue la sécurité d’Ethereum. En échange, le validateur perçoit des récompenses additionnelles. Mais le risque est réel : s’il trahit un seul protocole, il peut perdre tout ou partie de son stake. C’est la logique du slashing multi-protocole — puissante, mais impitoyable.

Une ascension fulgurante

En octobre 2025, plus de 15 milliards de dollars d’ETH sont déjà restakés sur EigenLayer. Des projets majeurs comme EigenDA (disponibilité des données), Omni Network (interopérabilité) ou Lagrange (calcul off-chain) utilisent ce modèle pour se lancer sans avoir à recruter leurs propres validateurs.

Résultat : les coûts chutent, les délais se raccourcissent, et l’innovation s’accélère. EigenLayer devient la brique d’infrastructure incontournable de la nouvelle génération DeFi.

Les défis d’un modèle risqué

Mais cette puissance a un revers. En mutualisant la sécurité, EigenLayer concentre aussi le risque.
Un validateur défaillant pourrait contaminer plusieurs protocoles à la fois. Certains développeurs craignent une cascade de slashing capable de fragiliser tout l’écosystème.

Autre problème : la centralisation. Les gros opérateurs comme Lido, Coinbase ou Figment dominent déjà le staking d’Ethereum. S’ils étendent leur pouvoir au restaking, le système pourrait perdre en décentralisation réelle.

Enfin, la gouvernance reste en construction. Comment arbitrer un litige entre plusieurs AVS ? Qui tranche en cas de faute croisée ? Ces questions seront cruciales pour la crédibilité du protocole.

Une vision à long terme

Au-delà des risques, EigenLayer esquisse une économie de la sécurité programmable.
La confiance devient un actif que l’on peut allouer, réorienter, ou monétiser. Les validateurs agissent comme des investisseurs, décidant à quels protocoles “prêter” leur sécurité.

Dans les prochains mois, l’équipe prévoit de lancer un token natif destiné à la gouvernance et à la gestion des modules AVS. Ce token pourrait devenir une clé stratégique de la finance décentralisée du futur.

Conclusion

EigenLayer n’est pas seulement un protocole de plus sur Ethereum. C’est une expérimentation économique et philosophique : celle d’une sécurité partagée, liquide et composable.

Si son modèle tient la route, il fera d’Ethereum non seulement le centre de la DeFi, mais aussi le cœur battant de la confiance numérique mondiale.