Quand tout s’écroule, l’or résiste. C’est l’actif refuge par excellence, utilisé depuis des millénaires pour protéger la richesse. À l’ère des cryptomonnaies, une question revient souvent : existe-t-il des tokens adossés à l’or, capables de combiner la sécurité du métal précieux et la fluidité de la blockchain ?
La réponse est oui. Plusieurs projets l’ont tenté, certains fonctionnent déjà, mais tous posent la même question : peut-on vraiment tokeniser un lingot ?
Le principe des stablecoins adossés à l’or
Comme les stablecoins classiques (USDT, USDC) adossés au dollar, les crypto-or reposent sur le même principe :
-
1 token = 1 quantité précise d’or, généralement 1 gramme ou 1 once troy.
-
L’or est stocké dans des coffres sécurisés, souvent dans des juridictions financières comme la Suisse ou Singapour.
-
L’utilisateur peut échanger son token contre de l’or physique ou le trader sur des plateformes.
En théorie, c’est une façon d’acheter de l’or, de le transférer instantanément et de le fractionner sans jamais toucher un lingot.
Les principaux projets en circulation
-
Tether Gold (XAUT) : lancé par l’émetteur du célèbre USDT, chaque token représente une once d’or physique stockée en Suisse.
-
PAX Gold (PAXG) : émis par Paxos, régulé à New York, chaque token équivaut aussi à une once d’or conservée dans les coffres de Brinks.
-
Digix Gold (DGX) : un projet pionnier basé à Singapour (2016), où chaque token équivalait à 1 gramme d’or. Le projet a décliné mais a ouvert la voie.
-
Perth Mint Gold Token (PMGT) : adossé à l’or détenu par la Perth Mint en Australie, soutenu par l’État.
Ces tokens sont listés sur des plateformes comme Binance, Kraken ou Uniswap. Ils se tradent comme n’importe quel ERC-20, mais leur prix suit celui de l’or spot.
Les avantages par rapport à l’or physique
-
Fractionnable : tu peux acheter 0,001 gramme d’or en token, ce qui est impossible avec un lingot.
-
Liquidité mondiale : un envoi de PAXG ou XAUT se fait aussi vite qu’un stablecoin.
-
Transparence : certains émetteurs publient des audits sur leurs réserves (Paxos le fait régulièrement).
-
Utilisation DeFi : tu peux déposer ton or tokenisé en collatéral pour emprunter, ou le trader sur un DEX.
Mais attention aux zones d’ombre
-
Centralisation totale : contrairement au bitcoin, ces tokens reposent sur une société privée qui détient l’or. Si elle disparaît ou fraude, les tokens perdent leur valeur.
-
Accès restreint : certains projets exigent un KYC strict, limitant l’usage dans les zones à forte adoption crypto.
-
Coûts cachés : certains prélèvent des frais de garde annuels ou de retrait physique.
-
Liquidité limitée : hors des grandes plateformes, peu d’échanges offrent de la profondeur de marché sur ces tokens.
Quelle place pour la crypto-or en 2025
En pleine instabilité monétaire, ces tokens trouvent un public. En Turquie, en Argentine ou au Nigéria, on parle déjà de stablecoins adossés à l’or comme alternative au dollar. Certains analystes prévoient une montée de ces actifs si les banques centrales renforcent leur contrôle sur les stablecoins en USD.
Cependant, ils ne remplacent pas le bitcoin. Le BTC reste l’actif non confiscable et décentralisé. L’or tokenisé, lui, est une version numérisée de la finance traditionnelle : pratique, utile, mais pas révolutionnaire.
Découvrez aussi: Les géants de la gestion d’actifs conquièrent les cryptomonnaies
Oui, les cryptomonnaies adossées à l’or existent déjà. Elles s’appellent XAUT, PAXG, PMGT et d’autres. Elles permettent d’acheter, de transférer et même d’utiliser de l’or dans la DeFi.
Mais elles ne sont pas de “vraies cryptos” au sens décentralisé : elles réintroduisent la confiance dans une entreprise et un coffre-fort. Elles sont un pont entre l’ancien monde et le nouveau, pas une rupture radicale.
Alors, faut-il en avoir ? Si tu crois à l’or comme valeur refuge et que tu veux sa version fluide, oui. Mais n’oublie pas : ton lingot reste derrière une porte blindée… dont tu ne détiens pas la clé.